le 25 juin
Les "masques de protection": l’illustration d’un système productif défaillant depuis 1973
Aujourd’hui, alors que débutent les enquêtes parlementaires, il serait bon d’avoir un peu d’humilité collective.
Si notre tissu industriel n’était pas prêt à répondre à la crise sanitaire, la faute en est collective et remonte loin en arrière. Pour cette carence que 4 décennies ont rendue inéluctable, la responsabilité de tous est engagée: tant sur les choix économiques, qu'industriels ou politiques .
Rappelons-nous : le processus a commencé dès le milieu des années soixante-dix par la désindustrialisation prônée en système de société, sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing. Les pays occidentaux ont considéré, à l’époque, qu’il valait mieux faire prendre en charge la main-d’œuvre par des pays où celle-ci coûtait moins : les pays présumés développés se spécialisant sur les métiers de service dits « d’intelligence ». L'ère du "factory less" était engagée.
Cette désindustrialisation a généré une série de réactions en chaîne :
- L’externalisation des taches considérées comme non stratégiques
- L’émergence de l’industrie logistique et commerciale : acheter, assembler, vendre
- L’abandon des stocks, au profit du flux tendu
- L’approvisionnement en coût le plus bas
Au final ces choix ont progressivement créé une situation de dépendance : chaque maillon réalise un petit bout et tout le monde dépend du maillon faible.
Autre conséquence, le produit se dépréciant très rapidement, les stocks deviennent ainsi de plus en plus une charge d’exploitation. La logique d’obsolescence programmée pour les produits physiques ou les successions de plus en plus rapides de versions nouvelles sur les produits non physiques viennent renforcer cette logique.
Dans le même temps la finance prend le cap de la dématérialisation : le démarrage réel est sans doute dans le milieu des années quatre-vingt avec le début des produits dérivés et l’entrée en force des mathématiciens dans le secteur bancaire. Nous sommes ainsi entrés dans l’économie de la vitesse.
Au final, pourquoi n’avons-nous pas de masques ? Parce que, lorsque tout va bien :
- Les flux tendus sont moins chers que les stocks
- Les stocks sont difficiles à financer
- Il est plus facile de se faire livrer, même depuis la Chine que de produire
- Les flux demandent moins d’investissement que la création d’un outil de production
- Les retours financiers sont plus profitables que les retours des investissements physiques
- La rentabilité s’améliore si les produits sont rapidement périssables
Si, il y a 5 ans, un gouvernement avait annoncé la création d’une filière industrielle du masque de protection, intégrant des « stocks sécuritaires », nous aurions eu un tollé au parlement. Rien que le simple achat des masques, par anticipation, pour le H1N1 avait provoqué des prises de position ironiques ou critiques.
Quand à la sortie de la crise de 2008, nous étions quelques uns à prôner une logique de réindustrialisation nous n'avons eu comme réponse que des sourires condescendants.
Il faut accepter la responsabilité collective : nous avons tous été « acteurs » dans la situation de fragilité industrielle que nous avons constatée dès le début de la pandémie. Hélas, nous n’empêcherons pas les redresseurs de torts de se pavaner, souvent les mêmes que ceux qui ont ricané il y a un peu plus de dix ans.
Le jour d'après, est-ce déjà du passé?
Par Dominique JeanJean
Qu'ai-je fait, depuis le déconfinement progressif, jusqu'à recouvrer ma totale liberté de mouvement (et donc de pensée), qui m'inscrive aujourd'hui dans ce que je pensais hier devoir être le jour de demain?
Lesquels de mes actes mériteraient d'être surlignés en vert dans ma "tout-doux list" comme confirmant les engagements pris en période fermée?... Ai-je continué à m'approvisionner auprès des agriculteurs de ma proximité, non pas tant pour me garantir de la qualité de ce que j'ingurgite, mais d'abord dans un souci affiché alors, de soutenir la production locale, encourager les petits producteurs luttant à armes inégales contre les puissants de la grande distribution, etc.,... Ai-je continué à privilégier le vélo ou la marche pour mes déplacements courts, au détriment de ma voiture? Ai-je continué à prendre le relais des instituteurs et enseignants, auprès de mes enfants, ou des enfants en ayant besoin, pour les accompagner encore dans leurs apprentissages quotidiens? Ai-je transféré les vertus de la distanciation sociale et des gestes barrières, dans la mise en oeuvre d'une conduite automobile respectueuse de l'autre?
En un mot, comment me suis-je transformé durablement moi-même, intégrant des pratiques circonstancées dans une éthique de vie "nouvelle" et dans un rapport à l'autre "revisité"?...
Il serait triste hélas de constater que - comme les résolutions du Jour de l'An ou de la Saint-Valentin - le "vent de la liberté retrouvée" a balayé tout ou partie de ces serments inaliénables qui furent les nôtres. Sans doute pour de bonnes raisons, et d'abord, parce que nous ne sommes qu'humains. Que notre mémoire est souvent courte, et que l'urgence du monde va rapidement prendre le dessus.
Ne nous flagellons pas. Le monde en effet, est - ou semble - reparti, et son économie avec lui. Souhaiter le contraire serait rajouter du mal au mal. Déjà, en Afrique de l'Est, une plaie chasse l'autre, et l'on se préoccupe davantage de lutter contre des invasions historiques de criquets que de respecter des mesures de confinement. Entre deux maux...
Mais gardons notre vigilance individuelle, pour que le monde d'après, ne soit pas en effet, le monde d'avant mais en pire. Gardons notre vigilance, car un mal chasse l'autre, et celui-là est souvent le fruit de nos oublis. Je persiste à penser que cela peut se jouer d'abord au niveau de nos choix individuels quotidiens. Le jour d'après, c'est chaque jour qu'il se re-construit.
Quel Place pour le télétravail demain?
François Humblot, directeur associé Grant Alexander
Le confinement de la moitié des habitants de la planète pendant la pandémie du COVID 19 a donné un coup d’accélérateur au télétravail.
Une grande majorité des dirigeants d’entreprises l’ont mis en place, précipitamment, même ceux qui le décriait il y a quelques mois. Dans une grande partie des secteurs de prestations intellectuelles (sociétés de conseil, bureaux d’études, ESN, éditeurs de logiciels..) on s’est rendu compte que quasiment cent pour cent de l’activité pouvait être faite en télétravail. Certains grands groupes (PSA en tête) on déjà décidé que le télétravail serait la nouvelle norme d’organisation et que le « présentiel » serait l’exception.
Ce mouvement est il irréversible ? C’est maintenant qu’il faut se poser la question et commencer à y répondre.
Pendant la période de confinement l’évidence de la mise en place du télétravail s’est vite imposée. Beaucoup de salariés se sont rendu compte, après quelques jours d’adaptation parfois difficiles, que c’était finalement la meilleure solution pour continuer à travailler, empêcher la mise à l’arrêt complet des entreprises et par là même réduire au moins partiellement les risques sociaux-économiques.
Aujourd’hui un premier bilan commence à se faire jour et chacun commence à son niveau à tirer des premières conclusions.
Les salariés sont partagés :
- certains ont plébiscité ce nouveau mode de vie en développant, suivant les cas, plusieurs types d’arguments :
o Gagner du temps en évitant une grande partie des trajets domicile-bureau,
o Limiter les risques sanitaires en évitant les transports en commun perçus comme dangereux,
o Pouvoir consacrer plus de temps à sa vie de famille.
o Eviter le stress de la vie citadine. Une partie de ces nouveaux adeptes, envisage même de déménager à la campagne ou dans des plus petites villes pour améliorer leur qualité de vie et ne venir sur leur lieu de travail que quelques jours par mois.
- D’autres ont très mal vécu cette vie forcée à domicile et en soulignent les multiples inconvénients :
o Tensions familiales générées par une trop grande proximité et le manque d’espace,
o Difficulté à séparer le temps de travail du temps de repos,
o Tension nerveuse générée par le temps passé devant un écran, soit seul, soit en visio-conférence.
o Manque de contacts humains et échanges plus difficiles avec les collègues de bureau.
Parmi les dirigeants il y aussi des partisans et des détracteurs. Ceux sont positifs disent que :
- Le télétravail est un moyen de diminuer le poste loyer dans les charges de l’entreprise en reconfigurant les espaces de travail,
- La productivité est meilleure en télétravail car il n’y a pas de temps perdu dans une journée en transports et en relations humaines inutiles,
- Le télétravail implique un nouveau mode de management qui est plus orienté objectifs et résultats et qui responsabilise les salariés.
Ceux qui sont critiques remarquent que :
- Les échanges, le partage et la communication dans le travail sont rendus plus difficiles par l’éloignement et que cela risque à moyen et long terme de brider l’innovation et d’appauvrir le travail en équipe,
- Le manque de contacts humains a une influence négative sur l’ambiance de travail ce qui risque d’influer négativement sur la motivation des salariés et leur performance,
- L’isolement peut causer le décrochage de certains salariés sans que le management puisse s’en rendre compte à temps.
Les organisations salariées sont particulièrement vigilantes. Elles font toutes remarquer que le télétravail ne doit pas s’improviser, qu’il doit être négocié par les partenaires sociaux et organisé dans des accords d’entreprises, comme c’était déjà le cas avant dans certains endroits. Si des groupes comme PSA considèrent que le télétravail va être la norme tous les accords sur l’organisation de la vie au travail et le temps de travail devront être renégociés, ce qui va bouleverser le code du travail.
Tous ces points de vue sont pertinents. Ils ne sont que les premiers enseignements tirés à chaud de la période récente. La réflexion doit être approfondie et les mois qui viennent vont voir les idées foisonner sur ces sujets.
Les négociations vont s’engager dans les entreprises, grandes et petites dans un contexte de crise économique qui va frapper la majorité des entreprises à court terme et durablement certains secteurs comme l’aéronautique, les compagnies aériennes, l’hôtellerie restauration et une partie de commerce.
Le télétravail sera un élément de négociation dans les plans de restructuration qui vont être lancés d’ici la fin de l’année.
le billet du 20 mai
De l’école laïque à l’école GAFAM.
Depuis plusieurs années les modèles de l’éducation mixte se dessinent. Pour ma part depuis plus de quatre ans j’essaie de mobiliser sur ces thèmes au travers de conférences et d’écrits. Il aura fallu une pandémie pour qu’enfin on se penche sur le problème : au moins cela fait partie des conséquences potentiellement positives de la période que nous venons de traverser.
Mais comme souvent, les nouveaux convertis se précipitent sur le sujet comme s’ils allaient tout révolutionner.
Un peu de raison dans ce débat ferait du bien.
Certes l’irréversibilité de la coexistence des deux supports (présentiel et distanciel) est certaine. Cependant reconnaître une certitude ne veut pas dire que l’on y soit préparé. Pire certains acteurs attendent, tapis dans l’ombre une fois encore, de se précipiter sous le déguisement de sauveur.
Qui ? Les mêmes : ceux que l’on a vu ainsi s’approprier la donnée, l’art, le commerce, les groupes sociaux…, et commencer la main mise sur la formation professionnelle depuis quelques années. À leurs yeux, l’école de demain est un enjeu qui ne doit pas leur échapper : mettre la main sur l’éducation des enfants est l’assurance de se créer les clients de demain.
Peut être trouverez vous que je vois le mal partout : il s’avère juste que cela a déjà démarré depuis une trentaine d’années. Microsoft en a été un des grands précurseurs en inondant les classes d’outils informatiques dès les années quatre-vingt-dix. Les actions en délit d’abus de position dominante n’y ont rien changé.
Pour les démocraties, l’école à deux facettes est une opportunité extraordinaire : c’est le moyen de désenclaver les déserts ruraux, de s’adapter aux distances ou aux problèmes ponctuels de transports, de proposer à toute une génération les mêmes supports pédagogiques, quels que soient son lieu de vie, sa naissance ou sa richesse.
Mais c’est aussi le foyer d’immenses déséquilibres qui sont encore loin d’être résolus. N’en citons que 3 :
- Technologiques : les réseaux ne sont pas de débits et d’accessibilités homogènes
- Sociologiques : tout le monde n’est pas à la même enseigne sur l’appropriation des technologies, tant sur l’espace disponible chez soi, que sur la disponibilité des parents, la capacité à encadrer ou les moyens financiers mobilisables.
- Pédagogiques : l’éducation nationale n’est pas prête et il faudra des années pour que les enseignants puissent avoir une formation homogène, accès à des supports identiques tant sur l’acquisition que sur leurs contrôles, une maîtrise de la double pédagogie.
On pourrait lister longuement ces freins, mais quelle que soit la longueur de la liste, la question finale reste la même :
Sommes-nous capables de déployer une école laïque, équitable et universelle maîtrisant les deux volets de la pédagogie (présentiel et distanciel) ou laissons-nous les acteurs privés, et en l’occurrence principalement les GAFAM, s’approprier l’ouverture de l’esprit de nos enfants ?
C’est aussi à cela que devra répondre le nouveau monde.
le billet du 17 mai
Du vice et de la vertu d'une prime
de Dominique Jeanjean
Tout travail mérite salaire, nous rappelle le dicton. Je dis bien "dicton", car la citation originelle est un extrait de l'évangile de Luc [chapitre 10 - verset 7], "toute peine mérite salaire". Au passage, il est intéressant de constater ce glissement sémantique de la modernité, qui a ramené la peine éprouvée dans une activité faite pour autrui au seul concept de "travail", dont on affirme qu'il doit être rémunéré. Le dicton ne contient d'ailleurs pas le concept d'équité, ou d'adéquation entre l'énergie fournie ("la peine") et sa "juste "rétribution".
Tout travail mérite salaire, donc.
Comment expliquer alors l'insatisfaction - pour ne pas dire l'indignation - des personnels soignants, en réponse à l'annonce faite par le Président de la République, de l'attribution prochaine d'une "prime", en manière de remerciement pour "le travail" qu'ils ont fourni et "la peine" endurée pendant des jours et des jours?
Il serait injuste et méprisant de n'y voir que le reflet d'une sorte d'insatisfaction cupide, au regard d'un montant financier jugé insuffisant et inefficace à compenser la peine subie. Qu'on ne s'y trompe pas : je ne dis pas pour autant que les montants annoncés sont en capacité de "rétribuer" le labeur et les conditions de son exécution. Mais cela semble un autre problème.
Il n'y a pas dans l'attribution d'une prime - hiérarchisée, procédurée, arithmétique - la reconnaissance que les individus qui se sont exposés attendent au fond de leur cœur, d'un système d'appréciation de la valeur. Leur implication vaut beaucoup plus, ils le ressentent et nous le savons. D'ailleurs ne vaut-elle que des euros, dont la distribution viendrait clore le chapitre des remerciements et de la reconstruction du système, au jour d'après?.. Il n'y a pas - dans cette réification du don de soi - l'humanité qui habite ceux qui se sont donnés à autrui.
Reconnaître, ce serait reconstruire les références d'appréciations des personnels, reconnaître, ce serait réécrire les référentiels compétences de ces métiers et de ces activités, ce qui donnerait une base possible à leur juste rémunération. Reconnaître, ce serait faire reconnaître aux DRH et consultants d'entreprise, que ce qu'ils prônaient en matière de "Gestion des talents et des hauts potentiels" est un camouflet permanent infligé à celles et ceux qui ne seraient pas intégrés dans le cercle de ces "happy few", élus modernes, promis aux meilleurs des rôles au sein de la société. Qu'est-ce qu'un talent en période de crise sanitaire?
Reconnaître, ce serait reconstruire, et donc partager.
Si la frustration exprimée pouvait conduire à ces reconstructions, alors le principe d'attribution d'une prime - aussi insatisfaisante en soi fût-elle - n'aurait pas été vain.
Le 15 mai 2020
Prenons garde aux signaux faibles : après la solidarité le retour au « moi d’abord » ?
Les États unis annoncent des licenciements dans le secteur hospitalier : la pandémie rapporte moins que les actes traditionnels. Ce n’est pas en France que cela arriverait. Nous sommes attachés à nos hôpitaux et solidaires de nos personnels soignants.
Ces deux notions d’attachement et de solidarité méritent cependant de prendre un recul. En France aussi notre réaction au confinement est paradoxale.
Derrière les applaudissements aux balcons, nombre de personnes sont inquiètes de côtoyer un soignant. Plus triste, autant pendant toute la durée du maintien à domicile, dans les grandes villes, à 20 heures une partie de la population se retrouvait sur son balcon pour applaudir en remerciement aux personnels de santé. Beau témoignage de solidarité, qui s’est arrêté le jour où nous avons eu le droit de sortir. Est-ce à dire que leur dévouement est devenu ordinaire d’un jour à l’autre ?
Pendant tout le confinement il y a eu beaucoup de témoignages montrant la « responsabilité » des populations, la renaissance de la vie de proximité, la recréation de lien social. Les personnalités politiques s’en sont enorgueillies : les Français ont été responsables, courageux, remarquables.
Faut-il prendre cela pour acquis ?
En cette mi-mai 2020, de nombreux signaux faibles indiquent l’inverse. Dès les premières heures, les gestes de sécurités ont largement disparu, en dehors des lieux où ils sont contraints. Au final, la similitude de comportement entre la foule qui s’est précipitée dans les bars le soir du début de confinement et celle qui est allé boire des bières sur le bord du canal de l’Ourcq le jour de sa levée, doit nous porter à réfléchir.
On est en droit de penser que la solidarité s’exerce surtout lorsque l’on craint pour soi-même. Aussi, lorsque l’on a plus peur pour soi, on ne pense plus à l’autre. C’est ainsi que dès le déconfinement et la liberté retrouvée, certains pays ont dû refermer pour cause de reprise de la pandémie. La finalité des précautions est principalement de protéger les autres, ceux qui nous environnent.
Ajoutons à cela le nombre de plaintes ou les propos virulents à destination des gouvernements qui nous « priveraient de notre liberté individuelle », et nous devrons relativiser la réalité de notre « immense mouvement de citoyenneté ».
Nous avons des décennies d’une culture qui nous pousse à mettre notre intérêt personnel en haut de la chaîne des valeurs. En écoutant ou en lisant tous les propos on peut constater une idée de plus en plus prégnante : la liberté de l’autre commence là où s’arrête la mienne.
Aux US on licencie parce que le covid rend les hôpitaux moins rentables, en France, dès le danger passé, le « moi-je » reprend le dessus.
Tout cela n'est encore que des « signaux faibles » : mais méfions-nous, ils deviendront la réalité si on ne les prend pas en compte dès leur apparition.
Alors que nous entrons dans une crise économique dont l’ampleur semble considérable : voulons-nous vraiment retourner à un modèle privilégiant le « chacun pour soi » ?
le 10 mai 2020
Elon Musk en colère illustre le conflit de position qui se prépare
Être un grand dirigeant se mesure aussi, surtout dans des phases comme celle que nous vivons, par son humanisme.
Les lois ordinaires s’appliquent-elles à ceux qui se pensent les maitres de la planète ?
Les positions que certaines grandes fortunes affichent, risquent de rejaillir négativement sur une grande partie des chefs d’entreprise : car l’amalgame est vite fait. Même si nous avons pris l’habitude des positions le plus souvent irresponsables Elon Musk, les propos qu’il a tenu pour faire un chantage à la délocalisation ont été doublés de qualificatifs calomnieux à l’encontre des fonctionnaires en charge de faire appliquer la loi. Doublement intolérable, puisqu’il ne semble pas y avoir de poursuite contre lui. La cause de son courroux : la Californie n’autorise pas la reprise immédiate des usines afin de protéger les salariés.
Elon Musk n’est pas le seul sur cette ligne. Des leaders économiques aux US partagent l’idée « mieux vaut mourir que de perdre de l’argent ». Ainsi, Michael Saylor, le PDG de MicroStrategy expliquait le 21 Mars dans unmail repris dans « the Guardian » que la pandémie ferait, au pire mourir un peu plus tôt 0,2% de la population mondiale : vraiment pas de quoi arrêter l’économie !
En France nous en avons un léger aperçu au travers d’Amazon dont l’attitude a provoqué une réaction très vive (et salutaire) du Ministre des Finances Bruno Le Maire.
L’urgence pour ces patrons dont le modèle économique est souvent sujet à caution (n’oublions pas que TESLA qui se targue d’écologie, est un des gros revendeurs de droits carbones… est de redémarrer comme avant, le plus vite possible et dans le cas précis de TESLA malgré les recommandations de sécurité de l’État de Californie.
Aussi ce moment de déconfinement, me semble propice pour s’interroger sur la position de ceux qui représentent nos entreprises.
Les positions du MEDEF, porté par son président Roux de Bézieux, sont tranchées. Elles vont de l’augmentation du temps de travail en sortie de confinement à la demande de nationalisation de secteurs en difficultés après avoir été, il y a peu, un partisan de la privatisation d’ADP. Si on rapproche ses positions de celles qu’il tenait en octobre 2008 en pleine crise des subprimes sur la rémunération des dirigeants, on peut penser que la composante patronale qu‘il représente n’entend pas changer de cap à l’issue de la pandémie.
La position de la CPME portée par son président François Asselin, est très clairement soucieuse du bien des collaborateurs et de leurs dirigeants. Il s’est d’ailleurs positionné sur ce thème dès la fin février. De toutes ses communications on peut penser que son organisation sera très impliquée dans les modifications à apporter.
Tirons au passage un coup de chapeau aux entrepreneurs qui n’ont pas ménagé leurs efforts ou qui ont renoncé à tout ou partie de leurs propres rémunérations. Il ne serait pas honnête d’oublier l’engagement de ces patrons, grands et moins grands, qui ont montré depuis deux mois une attitude plus humaniste, le plus souvent discrète, principalement soucieuse du respect des règles communes et de la santé de leurs collaborateurs. La presse s’en fait très discrètement l’écho et on aurait préféré qu’elle passe plus de temps sur ces témoignages que sur les positions fantasques d’Elon Musk.
Car être un grand dirigeant se mesure aussi, surtout dans des phases comme celle que nous vivons, par son humanisme.
En ce début de reprise, cela peut être très instructif de faire une petite recherche sur votre moteur préféré pour voir ce que vos organisations ou vos pairs ont déclaré pendant les deux moins passés.
6 mai Ne rien changer : le mot d’ordre des financiers en 2020 est le même que celui de la noblesse en 1789 La similitude entre l’aristocratie juste avant la révolution et les très riches aujourd’hui est impressionnante. En 1789, l’aristocratie représente 2 % de la population, au sein de laquelle 10 % (4 000 familles) tiennent la majorité des pouvoirs et des richesses, influe sur la politique de l’état qu’elle tient le plus souvent en otage financièrement avec l’aide de la haute bourgeoisie. Aujourd’hui 1 % de la population française est considérée comme riche et possède 23 % du patrimoine national. Au niveau mondial, 62 personnes détiennent 50 % de la richesse mondiale, ils étaient 80 en 2014 et 388 en 2010. Comme dans l’aristocratie, la majeure partie du capital initial des « riches » vient de l’héritage, ancrant de façon profonde le fait que la naissance est le principal atout pour posséder le pouvoir financier. AU XXIe siècle, l’accélération des écarts fait que parmi les 1 % à 2 % les plus aisés on commence à différencier les « aisés, très aisés, riches, très riches », en se segmentant en groupes totalement inconciliables… Au XVIIIe siècle, l’aristocratie se divisait en trois catégories qui se méprisaient. Ainsi, comme il y a près de 250 ans, les plus favorisés, cherchent à se protéger dans une classe inaccessible aux autres. La très grande richesse s’isole de plus en plus de l’immense majorité des hommes et des femmes vivant de façon ordinaire. Elle se fabrique dans un monde différent, quasi irréel, mais qui s’alimente sur le monde réel. Que l’on soit au XVIIIe ou au XXIe siècle, la position des très riches n’a pas bougé : surtout ne rien changer. A l’issu de la pandémie cela se traduit par la logique de la relance. Tous les outils financiers que l’on met en œuvre pour une reprise économique s'inscrivent dans la logique du maintien d’un dispositif qui ne fonctionne pas. Toute la mécanique repose sur la création d’une dette abyssale: cette dette sera portée par les économies nationales, les entreprises et les citoyens. En endettant l’économie réelle, la finance s’enrichira à nouveau : tout comme les aristocrates de l’ancien régime incitaient le roi à faire payer ses dettes par l’augmentation des impôts. Au XXIe siècle, comme XVIIIe siècle, tout se passe comme si les peuples n'avaient pas leur mot à dire. Peu importe si tel ou tel (Amazon, Twitter, Bill Gates..) annonce avec une forte communication la ré-injection de sommes astronomiques, il n’apparaît au final que l’incohérence de cette concentration indécente de la richesse. Ne rien changer, c’est ce que voulait la noblesse en 1789… cela devrait nous amener à réfléchir sur les enjeux à venir à l’orée de l’énorme crise économique annoncée. Que vaut-il mieux : évoluer ou révolutionner ? Car aujourd’hui le changement est inéluctable : la seule vraie question est de savoir si cela se passera avec intelligence ou avec des barricades.
le 4 mai Ne rien changer : le mot d’ordre des financiers en 2020 est le même que celui de la noblesse en 1789
La similitude entre l’aristocratie juste avant la révolution et les très riches aujourd’hui est impressionnante.
En 1789, l’aristocratie représente 2 % de la population, au sein de laquelle 10 % (4 000 familles) tiennent la majorité des pouvoirs et des richesses, influe sur la politique de l’état qu’elle tient le plus souvent en otage financièrement avec l’aide de la haute bourgeoisie.
Aujourd’hui 1 % de la population française est considérée comme riche et possède 23 % du patrimoine national. Au niveau mondial, 62 personnes détiennent 50 % de la richesse mondiale, ils étaient 80 en 2014 et 388 en 2010.
Comme dans l’aristocratie, la majeure partie du capital initial des « riches » vient de l’héritage, ancrant de façon profonde le fait que la naissance est le principal atout pour posséder le pouvoir financier.
AU XXIe siècle, l’accélération des écarts fait que parmi les 1 % à 2 % les plus aisés on commence à différencier les « aisés, très aisés, riches, très riches », en se segmentant en groupes totalement inconciliables… Au XVIIIe siècle, l’aristocratie se divisait en trois catégories qui se méprisaient.
Ainsi, comme il y a près de 250 ans, les plus favorisés, cherchent à se protéger dans une classe inaccessible aux autres.
La très grande richesse s’isole de plus en plus de l’immense majorité des hommes et des femmes vivant de façon ordinaire. Elle se fabrique dans un monde différent, quasi irréel, mais qui s’alimente sur le monde réel.
Que l’on soit au XVIIIe ou au XXIe siècle, la position des très riches n’a pas bougé : surtout ne rien changer.
A l’issu de la pandémie cela se traduit par la logique de la relance. Tous les outils financiers que l’on met en œuvre pour une reprise économique s'inscrivent dans la logique du maintien d’un dispositif qui ne fonctionne pas. Toute la mécanique repose sur la création d’une dette abyssale: cette dette sera portée par les économies nationales, les entreprises et les citoyens. En endettant l’économie réelle, la finance s’enrichira à nouveau : tout comme les aristocrates de l’ancien régime incitaient le roi à faire payer ses dettes par l’augmentation des impôts.
Au XXIe siècle, comme XVIIIe siècle, tout se passe comme si les peuples n'avaient pas leur mot à dire.
Peu importe si tel ou tel (Amazon, Twitter, Bill Gates..) annonce avec une forte communication la ré-injection de sommes astronomiques, il n’apparaît au final que l’incohérence de cette concentration indécente de la richesse.
Ne rien changer, c’est ce que voulait la noblesse en 1789… cela devrait nous amener à réfléchir sur les enjeux à venir à l’orée de l’énorme crise économique annoncée. Que vaut-il mieux : évoluer ou révolutionner ?
Car aujourd’hui le changement est inéluctable : la seule vraie question est de savoir si cela se passera avec intelligence ou avec des barricades.
Le 4 mai 2020
À une semaine de la fin du confinement, le « moi-je » revient au galop
Les comportements que nous voyons aujourd’hui, il faut s’y préparer dans les entreprises
Combien nous sommes nous collectivement congratulés du sens du collectif ! Il faut remercier l’immense majorité des hommes et des femmes qui ont suivi les instructions, non qu’ils aient la certitude que les décisions soient toutes appropriées mais parce que, sans ce respect de la règle collective, l’échec était certain.
Depuis déjà quelques semaines on constate dans nos connaissances des « confinements baladeurs » sur un argument irréfutable : « moi-je » suis différent, mes conditions sont particulières. En tout état de cause, j’espérais qu’après cette pandémie, le premier chapitre de mon livre "Société Numérique" serait obsolète : quand le « nous » devient « moi-je », comment gère-t-on le « vivre ensemble » ? Hélas il ne le semble pas.
Certains excès peuvent faire sourire:
Les politiques, les premiers, sont hélas loin d’être des exemples : il y a une semaine tout le monde appelait à un gouvernement d’unité nationale, aujourd’hui ils se retranchent tous dans leur camp pour fourbir leurs armes sur le thème de « vous voyez que c’est moi qui avais raison ».
Soyons tolérant sur l’extrême spécificité de nos sports préférés: les surfeurs pestent de ne pas surfer, les golfeurs de ne pas golfer ou sur les estivants veulent aller sur la plage. Mon intéret est toujours plus important que celui de l'autre.
Mais d'autres font dresser les cheveux sur la tête:
Ce qui m’a fait le plus réagir est la lecture d’un article intitulé : "on ne peut pas se faire soustraire sa liberté personnelle plus longtemps ?"
Mais de quelle liberté parle-t-on ? En tout cas certainement pas de celle des soignants qui ont besoin d’éviter les saturations dans les hôpitaux, ni de celle des postiers, des livreurs, des techniciens du sol..., de tous ces hommes et de toutes ces femmes qui ont pour charge d’assurer la continuité de notre société et qui seraient les premiers à payer pour l'imprudence égoïste des autres.
Nous n’avons pas été privés de liberté individuelle : nous avons tous œuvré pour la liberté collective. Nuance qu’il serait bon de ne pas oublier. C'est dur après des décennies d'égocentrisme, de vivre au service de la sécurité de tous. Huit semaines de confinement ramenées à huit semaines d'altruisme semblent inacceptable pour certains. N'est ce pas pathétique de constater que l'on puisse pleurer sur sa petite liberté personnelle dans de telles circonstances.
Le confinement s'achève et la solidarité risque de suivre.
Dans les entreprises ce changement arrivera bientôt et les sujets de discordes seront nombreux: la différence entre ceux qui ont travaillé bénévolement pour produire des masques et ceux qui auront amélioré leur vente sur internet, entre ceux qui ne peuvent pas travailler à distance et ceux dont le statut, la fonction ou la taille du domicile le permet… La liste et longue.
Si nous revenons à la logique « moi-je » au lieu de « nous », alors les scissions reprendront de plus belle. Elles reprendront avec d’autant plus de force que beaucoup auront le sentiment d’avoir respecté la liberté collective sans reconnaissance alors que d'autre se seront cachés derrière leur prétendue liberté individuelle.
Chaque chef d’entreprise, chaque RH… devra être en constante vigilance.
Le retour à l’individualiste est un danger majeur de la relance : c’est pour cela que je préfère une nouvelle construction.
le 1er mai 2020
Résisterons-nous au syndrome de Stockholm ?
Gérer l’urgence avec les moyens du bord mais construire le futur avec des moyens nouveaux.
Si vous êtes percuté en voiture par un chauffard ivre, vous accepterez sa main pour qu’il vous aide à sortir de votre véhicule. Cela ne vous empêchera sans doute pas de porter plainte contre lui, ultérieurement.
Nous sommes aujourd’hui dans cette situation.
Pour pouvoir construire le long terme il faut vivre, ou survivre, à l’instant présent. Cette évidence, que l’on oublie souvent dans les périodes calmes, se rappelle à nous en pleine crise.
Nous sommes comme le blessé dans la voiture. Nous devons vite sortir du véhicule avant qu’il ne prenne feu et pour cela nous n’avons d’autre choix que d’utiliser ce qui est à notre disposition : la main du responsable de l’accident.
En sortie de la crise covid19, les moyens que nous allons utiliser pour tenter de redresser la barre sont de la même nature, avec les mêmes objectifs, que ceux utilisés lors des crises antérieures : augmentation de l’endettement des Nations pour injecter des fonds dans les entreprises, soutenir le système bancaire, maintenir la population à flot…
Si la finalité est louable, les moyens utilisés auront les mêmes conséquences que par le passé : à ceci près que les besoins étant considérablement plus importants qu’en 2008 (crise de référence) les dégâts à moyen terme en seront aussi démultipliées.
Seulement nous n’avons pas d’autre possibilité que de saisir cette main tendue. Tout repose sur un dispositif unique, puisque nous n’avons pas pris le temps de construire des solutions alternatives. À force de fermer les yeux, crise après crise, nous ne savons plus raisonner autrement.
Par-delà le drame humanitaire qu’elle a généré, la pandémie occulte le fait que nous étions entrés, dès le début mars 2020, dans une crise économique majeure dont les causes étaient les mêmes que celles de 2008, de 2001… des 35 crises économiques et financières depuis 1971.
Le discours officiel ne retiendra donc que le sauvetage apparent pour faire oublier que le sauveteur est aussi le coupable.
Comment, dans un tel contexte, pourrions-nous le désavouer en essayant de le remplacer par un nouveau modèle ?
la question se résume au final ainsi: saurons-nous surmonter le syndrome de Stockholm pour aborder l’avenir ?
28 avril 2020
Le déconfinement, enjeu du court terme, donne des pistes sur la société future. Exemple, le travail étendu.
La pandémie nous a enseigné beaucoup tant sur nous-même que sur notre société. Le déconfinement va nous apprendre au moins autant et nous aurons à arbitrer entre des enjeux contradictoires.
Le travail à distance est, chez beaucoup de commentateurs, la solution. Encore une fois on se trompe entre l’objectif et un des moyens. On pourrait tout autant affirmer de façon péremptoire que la génération de l' « open space » est finie et que l’on retrouvera, dans les discussions à venir la question des années 1980 : « tu as combien de fenêtres à ton bureau ? » signe révélateur du rang hiérarchique.
Le travail à distance chez soi est une voie : on en a observé toutes les limites dans les 6 semaines passées tels que l’adaptabilité du domicile, de la promiscuité familiale, de la difficulté de maintenir l’équilibre « parent-travail » universellement et durablement.
L’entreprise est un lieu indispensable de convergence : mais respecter les gestes barrières va demander de doubler voire de tripler les surfaces par salariés. Les outils territoriaux intermédiaires (centres de télétravail délocalisés) sont embryonnaires, réservés aux « start-up » et non adaptés à un afflux de personnes salariées.
On pourrait lister de nombreuses autres interrogations : mais on voit bien que le confort et la sécurité des collaborateurs ne seront assurés que si on adapte les investissements en conséquence.
Comment est ce que l’on intégrera cela dans une économie à nouveau mondialisée ? La souplesse du travail et les coûts de gestion générés, ne seront pas couverts par les critères de gestion actuelle.
Sans une modification de ces derniers, rien ne sera possible : cela fait partie des chapitres à construire dans un modèle de société nouvelle.
27/04/2020
Le paradoxe des solutions de traçage : nous sommes unanimement pour la démocratie mais incapable de les mettre en œuvre.
L’Allemagne a choisi une solution Google-Apple, plutôt qu’une solution nationale, pour le traçage des individus dans le cadre de la protection contre le COVID : l’une des deux raisons est la crainte que toutes les données, recueillies par un serveur national, ne soient utilisées par des gouvernements malintentionnés.
Ce débat est majeur. Par qui acceptons-nous d’être dirigé ? À ce jour l’alternative est simple : soit par des entreprises obéissantes aux règles dictées par un conseil d’administration et dont l‘objet légitime est de concentrer des bénéfices, soit par un gouvernement issu du choix citoyen, dont les objectifs sont de répartir sur la population une partie des richesses créées pour accompagner l’intérêt commun.
En lisant tous les articles parus sur le sujet ces derniers mois, on peut en tirer quelques enseignements.
Lorsque la question porte sur le risque : vis-à-vis des entreprises, il n’y a pas de confiance mais une sorte de confort « on peut en tirer des avantages commerciaux » alors que vis-à-vis des États, il n’y a pas de confiance mais une vision radicale « ils restreignent nos libertés ».
Lorsque la question porte sur l’environnement dans lequel nous voulons vivre, le choix de la démocratie est quasi unanime et non dans une société qui serait gérée par ces enjeux marchands.
Le paradoxe repose principalement sur le fait que l’exercice démocratique demande un engagement mais nous sommes collectivement trop fainéants pour l’assurer. Nous limitons ainsi notre rôle de démocratie au bulletin de vote (et encore pour environ la moitié de la population) sans les implications qu’elles nécessitent.
Si nous étions réellement des démocrates non seulement nous utiliserions un bulletin de vote mais nous mettrions en place les outils de contrôles nécessaires pour la faire vivre. Le bémol est que cela demande de sortir de son cocon. Il semble que ce que nous appelons démocratie se rapproche du droit « individuel » moins solidaire qu’égoïste.
Espérons que nous y avons réfléchi durant la pandémie.
25/04/2020
« Stop covid » remet à l’ordre du jour le débat des données et du temporaire
À la veille du vote à l’assemblée, un collectif rappelle l’extrême dangerosité pour l’intégrité de chacun de ce type d’application destinée à mettre en place un outil de surveillance enregistrant toutes nos interactions humaines. Deux risques majeurs : d’une part nous allons vers une banalisation de l’usage du bracelet électronique et d’autre part nous risquons de retrouver nos données personnelles sur le marché, soit par la décision de développeurs de les commercialiser, soit par siphonnage (exemple du scandale Cambridge Analytica). Rappelons que la sécurité d'un système est assurée uniquement "en l’état actuel des connaissances" et est donc par essence temporaire.
Si je milite contre l’absence de régulation des données personnelles depuis des années, il me semble que l’on ouvre ici une nouvelle question tout aussi importante. Le débat sur « stop covid » illustre la situation à laquelle nous allons être confrontés durablement : de nombreux outils dont nous avons besoin court terme devront être détruits à l’issue de la crise. En sommes-nous capables ? Et pourquoi à l'issu de la pandémie on n'irait pas vers un traité international sur l'usage des données?
Peut être un enjeu de la construction de nouveaux modèles
24/04/2020
30 % de la dette publique a été constituée entre 2008 et 2014
Le volume financier considérable généré par la crise va générer un plan de financement sur plusieurs années.
D’une manière générale, l’État dispose de quatre leviers pour se financer :
Faire des coupes budgétaires (pour baisser ses dépenses) ;
Augmenter les impôts (pour accroître ses recettes) ;
S’endetter auprès de créanciers disposés à lui prêter de l’argent.
Privatiser
Si les gouvernements ne comptent pas toucher à court terme aux deux premiers, il ne leur reste :
- Le troisième volet revient à différer la charge sur une dizaine, voire une vingtaine d’années.
- Le quatrième, lorsque les marchés le permettront qui apporte de la liquidité, mais appauvrit à terme.
Ce d’autant que, outre les aides directes, les ressources ordinaires chutent : TVA, Charges sociales, impôt des entreprises… et que les charges augmentent telle que le coût de l’accroissement du chômage de moyenne et longue durée… En 2008, le déficit public s’est dégradé de 0 7 %. On peut imaginer les conséquences sur les exercices 2020-2021.
23/04/2020
Nation Stratège, Nation Solidaire quels enjeux ?
En écoutant les déclarations des uns et des autres on ne peut s’empêcher de mettre le doigt sur de profonds paradoxes. Ainsi des défenseurs du libéralisme réfléchissent aux nationalisations, des adeptes de l’allègement des impôts en appeler à l’État Providence. Où quand comment ? La signification dépendra essentiellement de la façon dont ceci sera fait, car on touche là au concept de Nation Solidaire.
Sur un autre plan, nous nous précipitons, très maladroitement d’ailleurs sur l’usage du numérique… sans nous rendre compte que nous donnons aux entreprises américaines et chinoises (principalement) une manne qu’elles sauront exploiter à nos dépens… nous sommes là dans la définition du rôle de la Nation Stratège.
Nation.
Profitant de confinement je vous invite à cette réflexion : comment la crise nous interpelle sur l’équilibre Nation Stratège, Nation Solidaire.
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